Ulysse
Jean-Claude Gallotta
au Théâtre de l’Arsenal du 30 août au 4 septembre 2021
Texte : Jean-Claude Gallotta
Avec Ulysse, j’ai voulu rendre hommage à la chorégraphie, raconter de manière ludique l’architecture de l’espace.
Je n’ai pas voulu théoriser sur la danse mais plutôt jouer avec certaines situations du ballet moderne et classique en les truffant de détails et de mouvements personnels.
J’ai par exemple utilisé et parfois tordu le cou à la symétrie, à la perspective, aux entrées et aux sorties, aux pas d’ensemble, aux enchaînements entre le groupe et les solistes, aux duos, aux portés dédoublés, aux comptes, aux quatuors, à la multiplicité des centres, aux marches, aux arabesques, etc... Se sont rajoutés de manière naturelle, le côté sensuel et charnel des danseurs et quelques «fêlures» qui annoncent ou rappellent d’autres chorégraphies plus tourmentées.
Une fois la pièce construite il fallait lui donner un titre. Je décidais de l’intituler : Ulysse, car la complexité de la chorégraphie m’empêchait en tant que danseur de la pénétrer facilement. Comme le héros d’Homère j’y voyais là mon propre exil et l’impossibilité d’atteindre mes propres rivages chorégraphiques.
La musique océane d’Henry Torgue et Serge Houppin, le blanc rêvé des costumes m’influencèrent dans ce choix.
Avec ce titre, il était intéressant de voir apparaître toutes les correspondances qui pouvaient naître entre Homère, Joyce et la chorégraphie.
Je vous invite à partager ces correspondances, à éveiller le «soursik» qui sommeille en vous, et raviver nos rêves enfouis.
Le « Duo-Rapide » en hommage à Colee Gray dans le film « L’ultime razzia » de Stanley Kubrick
Cette figure s’appelle la Ballade et je lis dans le dictionnaire : pièce vocale ou instrumentale inspirée par une ballade littéraire ( Chopin, Liszt, Brahms ont écrit des ballades pour piano. ) Pour Ulysse c’est Torgue et Houppin
Avec ce « Pas-Pieta » c’est l’attente de Confucius : la joie est dans tout il faut savoir l’extraire.
Le duo « S’aiment » ou « Sème » comme Jack Cole dans « La femme modèle » de Vincente Minnelli.
En découvrant ce beau dessin du duo « Spirale » j’apprends à la radio la mort du dernier survivant des compagnons de la Libération : Hubert Germain. Une émotion de plus pour ce saut dans le vide.
Cette danse dite du « Magma » comme une mêlée chorégraphique. Ce jour là Cézanne aide Zola lors d’une bagarre à la récréation. Pour le remercier, Zola lui offre une pomme. Et les danseurs croquent !
Quand les migrants dansent, le silence ne téléphone jamais.
« La blancheur de cire du visage le spiritualisait par sa pureté d’ivoire tandis que le bouton de rose de sa bouche, d’un dessin digne de l’antique, rappelait l’arc même d’Éros. » ( Joyce : Ulysse )
Extrait du « Solo-Sautillant » où l’on entend parfois le son des attitudes par la bouche de Neptune.
Une spectatrice me dit en coulisse : « Le danseur comme le clown c’est quelqu’un qui sait tout faire mais fait semblant de tout rater »
Nausicaa dit et donna ses ordres à ses suivantes aux belles bouches : « Arrêtez, je vous prie , suivantes ! Où fuyez-vous à la vue d’un homme ? Croyez-vous donc que ce soit un ennemi ? » ( Homère )
La « Diagonale- Nefertiti ». Je me souviens de cette statuette vue au Louvre qui accompagnait cette phrase de Pierre Schaeffer : « si on regardait à l’intérieur de mon cœur on y verrait tomber la neige »