théâtre

Bérénice et Titus appartiennent-ils à l'humanité ordinaire ? Ou bien ne sont-ils pas comme hors sol ? 

Un amour où femme et homme (les comédiens/circassiens aériens Marion Soyer et Sébastien Bruas) s'accrochent ici aux rôles sociaux, amoureux et politiques auxquels ils sont assignés. Ce projet ambitionne quelque chose d'encore jamais tenté, qui voudra rendre compte par cette approche expérimzntale, de cette pièce si singulière dans l'œuvre de Jean Racine. Ue vio-mécanique de l'alexandrin. Il est désormais acquis de dire, avec Roland Barthes, que dans Bérénice c'est la parole qui est action, que l'antichambre - ici un piano suspendu au milieu de nulle part "c'est l'espace du langage, un passage anxieux du secret à l'effusion, (...) c'est pourquoi la station qui y est imposée au personnage tragique est toujours d'une extrême mobilité".
"Je ne sais s'il est possible de jouer Racine aujourd'hui. Peut-être sur scène, ce théâtre est-il aux tois quarts mort ? Mais si on essaye il faut le faire sérieusement, il faut aller jusqu'au bout (...) renoncer à nous chercher nous mêmes dans ce théâtre".

Dans cette œuvre à part, où le tragique est retourné comme un gant, s'il faut se ressaisir, c'est alors pour mieux s'abandonner à l'insoutenable légèreté de la pesanteur, des corps et des amours aussi sincères qu’impossibles. La langue du XVII ème siècle et les corps aériens contemporains mèneront de front cette recherche des limites physiques d’une poétique des corps et de la langue. En échos, et continuement sur le plateau, le percusioniste Stéphane Norbert, artisan « organique » des rumeurs du palais et de l’intimité des corps ; et Xavier Bernard Jaoul, régisseur manipulateur-machiniste, à l’instar d’Antiochus dont il endossera certains des motifs, témoigneront là aussi en acte des passions contrariées de ce trio mythique.
Jean-Yves Lazennec

À partir de 14 ans