Opéra-comique de Georges Bizet en quatre actes, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Ahalevi crée à Paris en 1875 et retransmission en direct.

La Carmen de 1875 profite des ambitions et des largesses financières du directeur de l’Opéra Comique d’alors, lequel renonce a modifier et réemployer d’anciennes décorations (comme c’était régulierement le cas) et choisit d’investir dans quatre tableaux magistraux. A la place publique de l’acte I répond l’imposante porte des arènes de l’acte IV, tandis que le cabaret avec mezzanine orientalisante de l’acte II – chez Lilas Pastia – précède un site rocheux et sauvage pour l’acte III. Les dessins d’implantation de 1875 indiquent precisément les acces praticables et les dénivellements du plateau. Ils sont complétés par des aquarelles et des lithographies qui permettent de retrouver ou deviner les couleurs d’origine, mais aussi les perspectives lumineuses et le jeu sur les trompe-l’œil, dont les décorateurs francais s’étaient fait une specialité depuis le xviiie siècle.

Certaines illustrations de partition – notamment celles d’un piano-chant publié par Choudens – sont également riches d’indications qui n’ont rien d’une élucubration de dessinateur, mais reprennent scrupuleusement les tableaux les plus sensationnels du spectacle. Le défi est de revenir vers ces éléments en ayant en tête nos usages contemporains : lors de la création, chaque changement de décor nécessitait une interruption du spectacle pendant une demi-heure au minimum... Heureusement, la technologie moderne permet de ne proposer qu’un seul entracte.