La Séance

La Séance

Benjamin Coyle / Cie Kopfkino
au Théâtre de l'Arsenal du 14 au 18 décembre 2020

Texte : Philippe Priasso

 

Il ne faut pas plus de deux secondes dans un rai de lumière surgi du noir profond du plateau pour nous avertir que pénétrer le monde ouaté de Benjamin Coyle et de ses complices se mérite et qu’il va falloir se retrousser les méninges comme on se retrousserait les manches. Oh! Pas au sens intellectuel du terme, mais bien au sens mémoriel d’un cerveau qui chavire en suspension dans l’éther. Tant le moment délicatement singulier qui nous attend va amortir la course des souvenirs rugueux et âpres dans les couches successives de leurs remontées au temps présent.

 

 

 

Pour preuve ces gisants ressuscités de leurs nuages après une partie de cartes improbable faisant tourner le « re » des verbes en action comme une incantation à la répétition infinie de nos claires ou obscures obsessions. Avec en prime, haut perchée sur talons blancs, une invitation aux esprits qui nous habitent à les rejoindre dans une vie bien réelle et parfois dans des scènes aussi mornes et banales que ce que les clichés de notre quotidien peuvent produire.

 

 

 

 

La vie n’est pas la mort et la mort n’est pas non plus la vie, mais sous le chapeau de Benjamin elles semblent néanmoins se rejoindre dans l’endroit unique et précieux de ses souvenirs vrais, rêvés ou imaginaires que seul le plateau d’un théâtre peut, par la magie du temps et de l’espace retrouvés, permettre enfin, ne soyons pas trop ambitieux, d’en appréhender ne serait-ce que les contours d’un sfumato décalé et subtil.